| En quelques noms:
Lost Odyssey c'est une fois de plus un casting prometteur. Nous retrouverons donc Hironobu Sakaguchi, papa de la célèbre série Final Fantasy, en producteur et scénariste du projet, aidé par la plume d'un grand écrivain japonais, Kiyoshi Shigematsu. Notre moustachu préféré, à savoir le (allez, j'ose) divin Nobuo Uematsu pour la composition des musiques. Takehiko Inoue, l'auteur de Slam Dunk, offre son talent au poste de chara designer ainsi que Takamasa Ohsawa, character design de Shadow Hearts, qui prendra en charge les vêtements et les décors du jeu.
Tout est réuni pour donner naissance à un grand jeu !
Un jeu qui fait tâche.
Alors que le vent actuel de la presse vidéo-ludique souffle en direction de l'innovation, la qualité graphique et que sais-je encore, Lost Odyssey ne se gène pas pour venir nous rappeler ce qui est important dans un jeu vidéo, en particulier dans un RPG. Un scénario, des émotions fortes, des rires et parfois des larmes. Il semblerait que certaines personnes aient oublié ce pourquoi ils allument leur console, aveuglées par l'abrutissement des nouvelles technologies sans âme et tout juste divertissantes. Lost Odyssey n'est pas révolutionnaire, il n'est pas innovant et il n'est pas une vitrine d'artifices en tout genres. Le but ici n'est pas de gagner une course, mais bel et bien de faire rêver le joueur. Vingt heures, dix heures, trois minutes, peu importe, du moment que manette en main, un nouvel univers s'offre à nous. Un film doit être innovant ? Un livre peut être ? non, et pourtant cela n'empêche pas qu'il y ait de nouvelles créations sublimes dans chacun de ces domaines. Les grands rêveurs seront servis, tant pis pour les autres...
Une éternité à vivre...
Vous incarnerez Kaïm Argonar, un mercenaire redoutable condamné à être éternel. Au cour de sa longue vie il rencontrera beaucoup de gens, connaîtra beaucoup de guerres, voyant sans cesse les personnes qu'il aime mourir autour de lui, inévitablement. L'histoire commence sur un conflit inter-royaume alors que la révolution industrielle est en pleine essor, le monde entre dans une nouvelle ère.
La vidéo d'introduction est connue depuis pas mal de temps, elle n'en reste pas moins extrêmement appétissante. Une bataille opposant l'armée d'Urha à celle de Ghotza. Nous y découvrirons la grande adresse de Kaïm au combat, dans les rangs de la première armée citée, éradiquant tout sur son passage, courant à toute allure sur l'ennemi, accompagné de son épée tranchante et plus résistante que jamais. Kaïm est si sûr de lui car il ne risque rien, il ne peut pas mourir. Probablement que le résultat du conflit l'importe peu, en tant que mercenaire il est l'allié de qui le paye le plus. Soudain, alors que le sang coule à flot, que les cadavres s'entassent sur le sol rocailleux, le ciel gronde de plus en plus fort, s'assombrit, et finit par craquer, laissant alors s'écouler une montagne de lave sur le champ de bataille. C'est une tragédie. En quelques secondes, tout le monde est emporté et anéanti. Les soldats essayent en vin de sauver leur peau tandis que d'autres sont déjà agonisant dans les flammes. Kaïm ne semble pas effrayé. Une énorme explosion mettra fin au supplice et détruira tout sur son passage... Quelque temps après, alors que cet immense terrain de combat croulait sous les hurlements, le sang et la détermination des soldats, rien ne survécu. Tout est détruit, brûlé. Le calme qui inonde les plaines en devient terrifiant, alors que le Soleil réapparaît doucement se créant un passage entre les nuages sombres... tout le monde est mort, excepté un homme, Kaïm. Il se relève, essuyant les nombreux débris carbonisés qui ont recouvert son corps. Il avance, cherchant son chemin sur l'immense surface de magma refroidi et solidifié, seul, comme il l'a toujours été...
Lost Odyssey démarre sur une forte intrigue. En quelques minutes on se pose déjà beaucoup de questions. La situation est unique.
Le scénario du jeu se veut mature et demandera au joueur un minimum de réflexion. Outre le conflit des trois grands royaumes peuplant le monde, c'est avant tout l'histoire d'une vie, d'une longue vie.
Une aventure soigné.
Les émotions que le joueur ressent en jouant sont dû à plusieurs facteurs essentiels. Le scénario, la musique, et comment tout cela est amené : la mise en scène. Chose que rares sont les jeux pouvant se vanter d'avoir.
Eh bien, avec Lost Odyssey vous allez être servis. Votre voyage sera long, ça oui, mais aussi passionnant. Le joueur est toujours attiré par un évènement faisant avancer le scénario. Dans la lignée des Final Fantasy sur Playstation 1 (pour que cela parle au plus grand nombre), Lost Odyssey cherche la grande aventure. Le rythme du jeu est assez bien dosé, contrairement à Blue Dragon ou l'on pouvait noté beaucoup de longueurs, ici un net effort a été fait. L'histoire est une suite d'évènements crédibles qui nous fera découvrir le monde et ses richesses. Petit coup de cœur pour le DVD3, qui est vraiment remonté à bloc et nous en met plein la vue. On se rapproche du rythme des meilleurs RPG old school et ça commençait à manquer sérieusement. Les trois grandes villes sont très réussies et bénéficient chacune d'une esthétique saisissante. Nous pourrons juste être déçus de ne pas pouvoir les visiter plus en profondeur, en particulier la ville de Ghotza, qui ne manquera pas de vous rappeler Midgar, bien que graphiquement différente, dans Final Fantasy VII, regroupant deux civilisations bien distinctes, à savoir les riches "en haut" et les pauvres "en bas". Notons aussi certains petits villages très attachants, bien que notre passage y soit souvent de courte durée. Le scénario sera bien sûr parsemé de "cut scenes" offrant des situations bien précises. Là aussi, Lost Odyssey fait très fort. Les cut scenes se fondent totalement avec le déroulement du jeu et nous permettent d'apprécier tout le charisme des personnages formant notre groupe, qui sont vraiment attachants et bien pensé. Certaines scènes vous feront rire, d'autres vous feront pleurer. Lost Odyssey parvient à sortir des émotions d'une très grande profondeur, rarement vues dans un jeu vidéo. Le coté cinématographique est plus présent que jamais, et Hironobu Sakaguchi nous prouve une fois de plus que c'est un homme d'expérience.
Durant votre épopée éternelle, Kaïm retrouvera parfois des souvenirs égarés, qui apparaîtront sous forme de Rêves et que vous découvrirez par la lecture de récits, offrant toujours une petite mise en scène discrète. Ces courtes histoires relatant des évènements que Kaïm a vécu il y a 50ans, 150ans, 500ans, sont pour la plus par simplement bouleversantes. Laissez vous emporter, lisez, intéressez vous à ces récits, ils valent vraiment le détour. On y découvre le passé de Kaïm, les gens merveilleux qu'il a rencontrés, les amitiés qu'il a vues naître et disparaître au fil de son voyage, et bien sûr toute la peine de cette homme qui sait au fond de lui qu'il ne connaîtra jamais la mort.
Toutes ces belles choses, toutes ces histoires et toutes ces émotions, si elles "flirtent" aussi bien avec nous c'est aussi grâce aux sublimes musiques qui les accompagnent. Nobuo Uematsu a signé ici une grande OST. Des thèmes plus porteurs que jamais, la mélodie toujours juste et parfois naïve. Cela faisait longtemps qu'un jeu n'avait pas bénéficié d'une telle énergie sonore. Du début à la fin, tout y est. Certaines vous mettront la larme à l'œil dès les premières notes. Et bien sûr, ce fabuleux thème qui viendra vous enflammer lors des simples phases de combat, grandiose, épique, bref du grand art... Une OST nous rappelant la force des anciens Final Fantasy, mais qui nous montre que Nobuo Uematsu sait se renouveler encore et toujours.
Vous l'avez compris, Lost Odyssey met la barre très haute, la réalisation globale aussi est à la hauteur. Les RPG en 2D nous paraissent déjà loin, et j'ai l'impression que l'on commence seulement à utiliser la 3D comme il faut. N'oublions pas que le jeu apporte aussi son lot de cinématiques. Elle sont impressionnantes. Et c'est à chaque fois un plaisir de les savourer. Si vous les trouvez barbantes et avez hâte d'aller taper des monstres, je vous conseillerais d'arrêter tout de suite, Lost Odyssey est un RPG et non un jeu d'action.
Un millénaire de développement ?
Le jeu n'était pas encore arrivé chez nous que les avis étaient déjà très partagés. Allant de la perle rare à la catastrophe nipponne. Qu'en est-il vraiment chez nous ?
Parlons des chargements, il y en a tout au long de l'aventure, c'est une réalité. Mais il faut savoir que leur durée peut varier d'une console à une autre. Pour faire simple, chez moi c'est cinq secondes en moyenne, rarement dix. Entrer dans un bâtiment prend 3 secondes et en sortir rapidement sera instantané. Malheureusement, d'après des témoignages sur Internet, certains attendent parfois plus de quinze secondes pour charger un lieu et n'ont jamais de chargement instantané. Il paraîtrait même que chez certains, les menus soient problématiques. Là aussi, il n'en est rien chez moi, les menus sont purement et simplement instantanés. Sauf bien sûr lors d'une sauvegarde, mais je pense que cela est encore normal à ce jour.
Graphiquement le jeu, comme annoncé, n'est pas une révolution ou une claque. Cela dit, ça n'empêchera en rien qu'il y ait des scènes impressionnantes qui sauront vous laisser bouche bée dans votre fauteuil. Les personnages bénéficient d'un soin tout particulier qui peut ne pas plaire à tout le monde, leur look est peu commun. Là ou le jeu peut être inégal, c'est sur les environnements. Entre le très moyen et le très sympathique, on est parfois un peu déçu de se retrouver dans un lieu taillé au ciseau bénéficiant de textures qui ne rattrapent pas toujours la maladresse des développeurs. Petit coup de gueule aussi sur l'eau, souvent très belle, mais vous remarquerez que celle-ci peut s'avérer être buggée. En effet, si votre personnage est au premier plan et que de l'eau est visible au second, il se peut que votre reflet soit affiché dans l'eau alors qu'il ne le devrait pas, cela donne parfois une très mauvaise impression et peut réellement vous gâcher la vue. Les deux meilleurs exemples de ce petit défaut sont sur le petit pont en allant de la ville au port de Numara et avant cela, en arrivant pour la première fois en Mer de Baus, au poste de gardes situé avant la station de recherche. Placez votre personnage de façon à ce qu'il soit entre vos yeux et l'eau, et voyez comment l'eau si lointaine parait soudainement collée à votre personnage... on s'en serait passé ! Heureusement le jeu ne rame pas et conserve un bonne fluidité tout au long de notre périple. Mais attention, là aussi certains retours sur le web disent le contraire. Cela vient probablement des consoles et non du jeu en lui même.
Niveau sonore, hors musiques, il y a vraiment rien à dire. Pour les doublages, tout le monde y trouvera son compte, la version européenne du jeu est localisée et offre également les voix américaines et japonaises. Les sous-titres sont choisis automatiquement par rapport à la langue utilisé dans les menus de votre Xbox 360. Vous avez donc le choix. Nous devons tout de même constater un effort sur la version française qui nous fait quelque peu oublier la catastrophe que fut le travail effectué sur Blue Dragon. Les doublages US ou JAP sont tout de même fortement recommandés, ce sont assurément les meilleurs. Les bruitages et ambiances générales du jeu sont de qualité. Un travail soigné également à ce niveau là.
Un système classique mais efficace.
Votre évolution en jeu se fera de manière assez basique, par système de level. Toutefois, vous serez bridé et ne pourrez "farmer" une zone dans l'espoir de devenir surpuissant, du moins pas avant le DVD4. Cela peut être un peu contraignant parfois, mais sur le fond c'est n'est pas si mal. Les combats, contre de simples monstres et les Boss, seront toujours un challenge, parfois redoutable. Il faudra toujours utiliser la faiblesse de l'adversaire à votre avantage tout en protégeant vos alliés. Les immortels apprendront les compétences des mortels, il est donc indispensable de régulièrement modifier votre équipe. En combat, un système de Mur entre en jeu : les personnages positionnés à l'avant protègeront ceux positionnés à l'arrière, logique, mais il faudra parfois y faire très attention car ce mur peut être détruit et vos compagnons, généralement Mage et Soigneur ayant beaucoup moins de point de vie que les Combattants, seront en danger. Ajoutons à cela les anneaux magiques, qui justement vous permettront de toucher l'ennemi sur son point faible. Ces anneaux vous permettront de frapper à l'aide d'un élément magique : le feu, l'eau, la terre ou encore le vent. Frappez un ennemi d'élément Feu avec un anneau d'Eau provoquera des dégâts bien supérieurs. Ces anneaux vous permettront aussi d'utiliser la gâchette droite de votre manette lorsque vous portez un coup au corps à corps. Deux cercles s'affichent alors à l'écran, et dans un laps de temps très court, vous devrez faire en sorte que les deux se touchent. Raté, Bien ou Parfait seront les trois critères se basant sur votre habilité, et modifieront la puissance de votre attaque.
Un système facile à prendre en main et plutôt attractif, mais il faut l'avouer, il devient très bordélique à la longue. Il faut donc être concentré sur votre combat, vos équipements et vos compétences.
Toute une histoire.
Lost Odyssey fait preuve de beaucoup d'audace. La durée de vie du jeu est très bonne, il vous faudra environs 40h pour le finir en ligne droite, 50 en prenant votre temps, et comptez bien 20h de plus si vous avez décidé d'accomplir un maximum de quêtes annexes, de faire évoluer vos personnages, de trouver les derniers équipements, les rêves... Avant de partir pour le combat final, vous pourrez re-visiter tous les lieux par lesquels vous êtes passé, y découvrir de nouvelles choses ou simplement discuter avec les habitants pour entendre ce qu'ils ont à dire sur l'actualité. Le jeu offre des dialogues vraiment intéressants, on ne peut s'empêcher de faire allusion à une critique du monde actuel dans lequel nous vivons. Votre équipe aussi ne manquera pas une occasion pour remettre en question les faits auxquels ils assistent impuissants. La narration est très réussie, dans l'ensemble le jeu prend vraiment "vie".
Petit regret au niveau des déplacements sur la carte du monde. Même si vous avez accès à divers engins vous permettant de vous y balader en mer et plus tard dans les airs, le fait de se déplacer à pied de ville en ville manque. Fort heureusement on "ressent" correctement le monde même sans ça, mais ça n'aurait pas été un mal de reprendre cette option. Ça n'en reste pas moins une bien belle aventure qui, jusqu'au générique de fin, ne cessera de vous émouvoir. Un vraie réussite qu'il ne faut pas négliger.
Si Lost Odyssey devient une série à la Final Fantasy, Square-Enix peut rapidement être bousculé sur son trône. Mais il faudra un peu de temps, les Final Fantasy ont leur réputation méritée, cela fait vingt ans qu'ils existent et chacun d'eux ont su trouver des millions de fans. Il faut faire ses preuves années après années et pour l'instant Mistwalker est loin d'avoir fait un faux départ. Qui sait ? peut être que dans trois ou quatre ans, Lost Odyssey deviendra la deuxième série mythique du monsieur à la barbichette, Hironobu Sakaguchi. En tout cas ce fut un réel plaisir de découvrir le deuxième jeu de Mistwalker, qui malgré ses imperfections, s'engage sur la bonne direction artistique à prendre.
Il n'est pas question de RPG "classic" ou "old school" mais simplement de bon RPG comme on les aime, voila tout. Je reviens sur les personnages pour préciser qu'on a, et dieu merci, évité les "mannequins" et autres "poseurs" qui font rage dans les rpg japonais depuis quelques années. Lost Odyssey n'en ressort que plus crédible. Et maintenant, il n'y a qu'une chose à faire, attendre patiemment un éventuel Lost Odyssey 2, pour encore et toujours, plus que jamais tel un enfant, rêver...
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