Pour les petits et les grands
L'histoire n'est vraiment pas le plus intéressant : imaginer que toutes les piñatas (des animaux en papier qui se font éventrées pour leurs bonbons dans les fêtes) sont en fait vivantes et fournies par les jardins de Piñata Island. Alors Viva Piñata vous propose de devenir l’un des jardiniers-éleveurs de cette île magique.
Après avoir nettoyé son jardin, le premier piñata à pointer son nez est un ver de terre attiré par la terre fraîchement retournée, puis arrive un oiseau évidemment alléché par le ver de terre, ainsi de suite. Tout n'est pas rose dans le monde des piñatas, le cycle alimentaire est respecté et par conséquent l'oiseau devra manger le ver pour évoluer. Malgré la dure loi de la vie, pas de sang ni de violence déplacée, le contenu se veut accessible à tout les âges.
Le principe de jeu est basé sur des besoins spécifiques à chaque espèce qu'il faudra combler (terrain, plantes, nourritures, etc). A chaque action réussie, l'expérience gonfle et à chaque niveau atteint, de nouvelles possibilités apparaissent. Plus on avance dans le jeu, plus on monte dans la chaîne alimentaire pour découvrir la soixantaine d'espèces prêtes à être apprivoiser.
Il y a toujours quelque chose à faire dans son jardin ce qui laisse un goût amer d’inachevé à chaque fois que l’on quitte la partie, d’où l’accoutumance que provoque le jeu. C’est là qu’est le danger : on devient vite accro à ces petites bestioles. Comme tout jeu de gestion, chaque aménagement mettra un certain temps à se réaliser à cause du nombre de facteurs à prendre en compte et on passe donc facilement deux heures de suite sur son jardin. C’est un vrai écosystème qui vit sous vos yeux, en clair un vrai bordel.
Un jardinier qui sabote une pelouse est un assassin en herbe.
Ce qui est intéressant, c’est que le jeu offre un vrai challenge pour ceux qui veulent apprivoiser tous les piñatas ou les plus prestigieux mais les joueurs plus occasionnels ou les enfants peuvent aussi s’amuser à peaufiner leurs jardins avec des piñatas moins capricieuses. En gros, il y en a pour tout le monde.
Pour les joueurs chevronnés, le jardinage et l’élevage de piñatas tourne vite à l’industrie, on les attire, on les accouple, on les vend puis au suivant. Car le terrain de jeu est petit, il faudra faire des choix. Rare a voulu éviter l’impression de grandeur pour privilégier l’immersion. Mais l’idée géniale qui corrige cette frustration est la possibilité d’ouvrir d’autres jardins en conservant son expérience et son argent.
Pour se différencier des jeux de gestion, Rare a décidé d'exclure la vue de haut pourtant efficace pour gérer son terrain et impose une caméra proche pour mieux s’identifier au jardinier. C’est un parti pris qui fonctionne tant on a l’impression de se déplacer dans son jardin et de vivre au niveau de ses piñatas.
Ce qui permet de passer des heures sur Viva Piñata sans chercher à augmenter de niveau, c'est l'intelligence artificielle des piñatas, On a affaire à des sales bêtes qui n'obéissent pas toujours aux ordres. Après le sentiment d'impuissance, on se rend compte que comme dans la nature, on ne peut pas tout contrôler. C'est un sentiment plutôt inattendu pour un joueur.
On peut seulement se désoler que Rare est gonflé la difficulté du soft en donnant à chaque piñata trois variantes difficiles à obtenir et assez inutiles mais qui aident beaucoup à la progression en donnant des points d’expérience.
La beauté est un jardin sauvage…
Au niveau des graphismes, on va pas s'éterniser, Rare prouve encore son talent. L’aspect visuel du jeu est une réussite. La modélisation, l’animation et les couleurs sont soignés et aucun bugs graphiques n’est à signaler. Facile, diront certains au vu de la petitesse de l’aire de jeu mais le rendu est immersif.
Rare nous offre un character design jouant entre le dessin animé pour enfants et leurs jeux habituels, avec de très beaux piñatas et des personnages farfelus. Mention spéciale aux designs toujours surprenant des habitations des piñatas.
Un soin particulier à été appliqué à rendre vivant les animaux en papier, ils se baladent, volent, pataugent, se battent, montent aux arbres; difficile de suivre.
Autre preuve de l'inventivité de Rare : les danses nuptiales qui viennent marquées les accouplements. Elles sont excellentes, toutes basées sur un style musicale différent (même le rock y passe) mais elles sont trop courtes, on en redemande.
Pour finir, malgré deux vilains bugs qui m’ont obligé à recommencer un jardin, Viva Piñata est presque parfait. En tout cas aucune grosse erreur vient ternir cette oeuvre vidéoludique qui dégage une aura et un univers magique.
Le lieu y est pour beaucoup car le jardin revêt une image surnaturelle ; comme le dit un proverbe portugais : « Il pousse plus de choses dans un jardin que n'en sème le jardinier. »
neWo